Moffat Takadiwa
Bouchons de bouteille, têtes de brosses à dents, touches de claviers d’ordinateur, vaporisateurs de parfum… Le répertoire plastique de Moffat Takadiwa provient des marchés d’occasion et des décharges de Harare, la capitale du Zimbabwe. Autant de rebuts qui, contrairement à ceux qui arrivent compressés et inutilisables par bateau dans les autres pays d’Afrique de l’Ouest, sont achetés puis intégrés à l’économie informelle zimbabwéenne. Enclavé et sans frontière avec l’océan, le pays, en réparant ou en réaffectant les objets importés, s’insère d’une manière alternative dans la gestion des déchets des pays occidentaux. Une manière qui, selon l’artiste, relève d’une écologie africaine, où rien n’est vraiment jeté. Son travail devient alors une sorte de prolongement artistique de cette écologie nationale grâce aux ressources d’une économie locale et parallèle. Une économie de la débrouille, prise en charge par une multitude d’intermédiaires, que le chercheur Morad Montazami qualifie de « suburbaine1 ». Cette interconnexion des espaces, délimités comme étant le nord et le sud de notre géographie mondialisée, fait l’objet de la première exposition personnelle de l’artiste dans une institution en France, la galerie Édouard Manet de Gennevilliers. On y suit les « Contes de la Grande Rivière », c’est-à-dire le chemin de l’eau qui, de ports africains aux ports européens comme celui de Gennevilliers, voit transiter des amoncellements de marchandises. (SUITE À LIRE EN LIGNE)