Exposition collective

8 septembre au 28 octobre 2023
Vernissage : 7 septembre 19h - 21h
Centre Tignous d'Art Contemporain

Artistes invité·e·s : Juliette Green, Joris Héraclite Valenzuela, Charlotte Nicoli, Zoé Philibert, Loïs Szymczak, Aliha Thalien

Pour la rentrée 2023, le centre d’art Tignous se métamorphose en moulin, c’est-à-dire en un lieu de transformation actif et de création d’œuvres, animé par des échanges entrants et sortants continus, au cœur de la sociabilité locale.

Au Moyen-Âge, le moulin est un haut lieu du commun et de la vie sociale, économique, agricole. Avec la place du village, ou le cimetière, le moulin permet l’interaction et le rassemblement. Chacun·e apporte son blé – parfois d’autres matières premières comme des peaux, de l’écorce – le meunier active le mécanisme des roues, des ailes, utilise l’énergie naturelle, le vent ou l’eau, pour un produisant un résultat transformé qui répondra à besoin précis : s’alimenter, se vêtir …

Cette analogie du moulin médiéval permet d’ouvrir les portes du centre d’art aux quatre vents et c’est la ville entière qui le traverse, dans un va-et-vient continu. Chaque artiste invité·e propose pour l’exposition un circuit entre le centre d’art et la ville de Montreuil, de ses espaces spécifiques à ses habitant·es.

Les artistes moissonnent la ville et apportent au centre leurs récoltes. Joris Héraclite Valenzuela prélève, avec la complicité d’habitant·es de différents quartiers, des plantes rudérales et crée une serre intérieure, comme une cartographie végétale de la ville. Loïs Szymczak récupère des éléments architecturaux du Stade nautique Maurice Thorez et les assemble en des sculptures chargées de son histoire intime avec cette piscine.

Les œuvres nouvellement créées pour l’exposition cueillent aussi des mots, des bribes de conversation, de confessions des habitant·es, faisant du centre d’art un moulin à paroles. Aliha Thalien les invite à partager avec elle leurs brouillons de messages jamais envoyés, pour y piocher des fragments et les mélanger façon cadavre-exquis.

Zoé Philibert leur propose de se confier à elle, en s’installant dans le Café-Escargot, et de vivre un moment d’échange anonyme et convivial. Les phrases glanées lui permettront de composer des partitions, jouées ensuite dans des cafés et bars locaux. Son Café-Escargot, remplaçant une sempiternelle machine à café, accueille le public du centre d’art, et se déplace à la rencontre des montreuillois et montreuilloises, au plus proche de leur vie quotidienne.

Le centre d’art se remplit de toutes ces moissons nouvelles, les agrège et répand leur magie dans la ville, comme autant de sacs de farine qui sortiraient de chez le meunier. À la peinture murale que Juliette Green présente à Tignous répondent des fresques réalisées in-situ dans le service d’opération ambulatoire du CHI André Grégoire, pour des publics éloignés ou empêchés. Clin d’œil aux sociabilités qui se jouent au moulin, l’artiste met en forme dans des schémas une multitude de micro-narrations qui s’inspirent des liens de proximité que nous entretenons.

Charlotte Nicoli subvertit la dimension commerciale du moulin, à partir du territoire Montreuillois, l’artiste propose un questionnaire de recommandation des lieux que les participant.e.s apprécient dans la ville, puis les invite à noter non pas ces lieux mais leur propre action de notation.

Molinum reconfigure le centre d’art, ajoute à la transformation artistique celle de l’expérience sociale de la ville et se veut être un manifeste du DIWO (Do It With Others) dans un contexte d’exposition. Laboratoire artistique et fabrique du social, le Centre Tignous devient un moulin qui brasse nos manières de voir la ville, de la parcourir, et finalement de l’habiter ensemble.