Textes - Review - 17/05/2023
Artistes : Léa Belooussovitch, Elize Charcosset, Mathieu Dufois, Anthea Lubat, Martinet & Texereau, Célia Muller, Chloé Poizat, Massinissa Selmani, Claire Trotignon, Juliette Vanwaterloo.
Commissaire : Élise Girardot
Encre de tatouage, craie, tipex, pierre noire, poudre à maquillage, fusain, scalpel, crayons de couleur, tissus … Cet inventaire à la Prévert, aussi hétéroclite qu’il soit, coexiste pourtant – capturé et rassemblé par le dessin – dans l’exposition La Ligne Trouble. C’est d’abord une grande sérénité qui nous saisit, l’apaisement des traits nets, l’équilibre des couleurs, les respirations entre chaque œuvre, leur autonomie. Le calme bien sûr n’empêche pas la volupté, au contraire, il permet à la virtuosité de s’exprimer avec force : virtuosité des techniques utilisées ; des supports mis à l’épreuve, car feutre, papier de soie, coton, font sortir le dessin du papier ; des sujets traités de l’archive de la réalité à la fantasmagorique ; mais également des reliefs et des aspérités étonnamment atypiques pour du dessin. Les onze artistes, toutes générations confondues, dont le dessin est la technique principale prouvent par la singularité de leur pratique la plasticité illimitée et les potentiels narratifs infinis de ce médium. Loin de ne pouvoir être réduit au papier et au crayon, à son usage périphérique en soutien d’autres formes en volume, il n’est pas question ici de l’ébauche, du croquis, mais d’un dessin qui s’affirme dans sa précision et son acuité et revendique sa fragilité, son imperfectibilité. De cette diversité manifeste, on sent qu’il jaillit toujours d’une nécessité impérieuse et intime de fixer des images, des sensations, d’être au monde ou d’y échapper. (...)