Textes - Texte d'exposition - 13/01/2023
Tipping Edges, 2022, L'Avancée, Fondation d'entreprise Pernod Ricard
Lucille Léger a été diplômée de l'école des Beaux-Arts de Paris, atelier Dominique Figarella, en 2021.
« Les installations de Lucille Leger oscillent entre sculpture fonctionnelle et mobilier radical, présentant des formes abstraites, auxquelles viennent s'agréger des contours connus pour leurs existences domestiques : lampe, rideau, paravent… Au gré d’hybridations plastiques, l’artiste offre une matérialité et une centralité aux zones liminales, aux entre-deux : entre l’intérieur et l’extérieur, entre le privé et le public, entre le naturel et l’artificiel, entre l’art et l’objet. Ses pièces émoussent les frontières et sont empreintes d’une grande porosité avec les contextes de production et d’exposition. Le dialogue est permanent entre l’espace et l'œuvre, par des jeux de contrastes lumineux, par des transparences ou au contraire des obstructions. En perturbant les manières de percevoir et de voir à travers, l’artiste convoque la notion d’écran, omniprésente mais devenue banale dans nos vies quotidiennes.
En posant des gestes simples d’entretien et de soin, elle rassemble des matériaux de récupération - un porte-manteau, du textile - et des éléments organiques - de la cire ou du pain, ou encore des modules d'œuvres passées. La matérialité des compositions rappelle la chair, les tissus et organes humains, parfois jusqu’à des textures sensuelles. La proximité avec le corps et l’instabilité de ses états, la fluidité de ses humeurs, se manifestent également dans la dimension évolutive des pièces, avec par exemple des sculptures consumables quand l’artiste a recours à des bougies.
Pour l’Avancée, Lucille Leger expose deux nouvelles pièces dans la continuité de séries existantes. Dayblind réactualise la mise en sculpture d’un store vénitien, qui cette fois ci posé à même le mur perd sa fonctionnalité de fenêtre et d’ouverture. Ce décalage situationnel invite à considérer l’impasse comme une réalité, mais également comme un support d’invention et de création. La seconde œuvre, Flabbergast, est un bas-relief percé d’opercules où s’insèrent des lentilles éclairées. C’est un monde volcanique miniaturisé qui jaillit du mur et le contamine par un réseau de câbles électriques formant alors un paysage qui littéralement se branche à l’espace et en change l’expérience. »