Expositions - Exposition Passée - 23/04/2024
Du 12 avril au 16 juin 2024
Vernissage : 11 avril
Espace Le Carré, Lille
(English below)
Avec : Xavier Antin, Pierlouis Clavel, Alix Delmas, Wilfried Dsainbayonne, Léa Laforest, Raphaël Maman, Régis Perray, Paul Ralu, Léo Sudre, Zoé Tullen, Qingmei Yao
Co-commissariat avec Wilfried Dsainbayonne et Paul Ralu
1967 Wimbledon White, modèle mythique d’une Mustang, dont l’épopée mécanicienne a révélé à son nouveau propriétaire, son passé de voiture de course conduite par Johnny Hallyday. Même privées d’âmes, les choses qui nous entourent n’en ont pas moins une vie, qui parfois nous précède et vient nous surprendre.
D’autre fois, cette vie silencieuse nous échappe, en dormance, bercée par le ronronnement quotidien et une prétendue immuabilité, jusqu’à ce que celle-ci n’éclate dans des résistances et des pannes. Derrière leur promesse d’indéfectibilité et la fiction de solidité, les objets qui nous entourent sont faits de matières et de mécanismes, que l’usure guette. Au plus proche de nous, ils forment une multitude, que le philosophe Bruno Latour, qualifie de “masse manquante du social”, un angle mort de la considération, alors même qu’on délègue à ces objets des actions et des responsabilités agissantes, et que par là-même on s’attache à eux.
Les objets vivent pourtant avec nous et nous avec eux, nous engageant mutuellement dans des relations de soin. C’est là que se joue la maintenance, comme « travail attentionnel ». Un travail du quotidien et banal, quasiment imperceptible. À l’inverse de la panne et de la crise, que l’on romantisme volontiers et qui nécessite l’intervention réparatrice d’un MacGyver, la maintenance est une veille, une continuité d’arrière-plan, l’inquiétude qui retarde la défaillance à venir. Dans le jargon technique, elle peut s’exprimer en durée selon la mesure du mean time to failure, c’est-à-dire, le temps moyen de fonctionnement avant la prochaine panne. Dans le langage courant, la maintenance c’est le sale boulot, celui des précaires, des intérimaires, des ombres. Socialement peu valorisée, la maintenance implique pourtant un rapport au monde renouvelé, car sensible et sensuel, à la fois plus observateur et plus tactile. Dans une valse des hésitations, elle nous entraîne vers une constante négociation avec la vulnérabilité, et nous fait adopter une position politique qui refuse le règne du progrès et du remplaçable. Les œuvres réunies pour l’exposition révèlent par touches ce système maintenance tentaculaire : ici dans ses gestes, sa temporalité, ses récurrences. Intime ou générique, urbaine ou naturelle, matérielle ou symbolique, elles esquissent ensemble les premiers pas d’une chorégraphie de l’entretien.
Espace Le Carré has given carte blanche to artists Wilfried Dsainbayonne and Paul Ralu for their latest exhibition, with Andréanne Béguin joining as a co-curator. The exhibition draws from two of the artists' ongoing research projects: one centered on the care of a car that belonged to the artist's father, and the other on the maintenance of hiking trails in the English countryside. This exhibit offers a creative exploration of the concept of maintenance. The "care of things," encompassing its political, social, and economic dimensions, is depicted as an endless, everyday thread woven by countless anonymous hands. As a condition for continuity, the notion of maintenance highlights our relationship with objects, their inherent fragility, and their materiality. Each piece in the exhibition sheds light on a different aspect of maintenance, from the unseen individuals who perform it, to the tools they use, and their interaction with the living world. It's an exhibition about the mundane, about "what goes on, and on, and on, what happens continually," as American performance artist Mierle Laderman Ukeles puts it.