Textes - Review - 30/12/2022
Peu d’occasion sont données de se sentir petit en tant qu’humain. L’expérience vécue en parcourant l’exposition Plonger et Puiser se rapproche en cela de la sensation qui nous prend quand on regarde la terre depuis le ciel et que la conscience de notre taille, finalement insignifiante, nous saisit. Pénétrer dans l’exposition de Michael Beutler nous plonge dans l’atelier d’un géant, fabriquant de papier, qui se serait absenté, laissant son atelier ouvert pour que nous nous y glissons sur la pointe des pieds. Ici une imposante machine en bois, un assemblage de tasseaux, de liens, de bacs, de cales. Là des feuilles monumentales simplement posées contre le béton. Tout semble trop grand pour une main humaine. La main du géant qui se cache derrière ce lieu déserté n’est en vérité rien d’autre que la force collective de plusieurs mains assemblées, celles des étudiants et étudiantes que l’artiste a convié à participer pendant plusieurs semaines au workshop ayant précédé l’exposition. La dimension collective de création n’est cependant pas mise en spectacle, le sujet de l’exposition n’étant pas tant la performance du faire ensemble que les traces et le suites matérielles et immatérielles de cette production à plusieurs mains. Ne subsistent alors que ces papiers immenses, cette machinerie dormante et peut-être parviendront en creux les échos lointains de la présence des corps actifs et créateurs. (...)
Lien de l'exposition, HAB Galerie, Nantes