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The future of the past

Expositions - Exposition Passée

The future of the past

16 novembre 2025 - 26 janvier 2025
Le Bicolore - Maison du Danemark, Paris
Artistes invité·es : Marisabel Arias (Peru), Ismaël Bazri (FR), Margot Bernard (FR), Benedikte Bjerre (DK), Kåre Frang (DK), Martin Brandt Hansen (GL), Hannah Heilmann (DK), Olivia Rode Hvass (DK), Esben Weile Kjær (DK), Louis Lallier (FR), Rasmus Myrup (DK), Torben Ribe (DK), Toco Vervisch (FR)

(English below)

Porte de Montreuil, Place du Jeu de Balle, El Rastro, Mauerpark … pour les amateur·rices de marché aux puces et brocantes ces lieux évoqueront peut-être des souvenirs familiers. Des grandes capitales européennes aux petits bourgs de campagne, la brocante est un espace-temps quasiment générique, que l’on cherche ou que l’on trouve au hasard d’une rue. Sur les étals, sur des portants, à même le sol, dans des caisses, des cartons, des valises béantes, c’est un bric-à-brac joyeux, désordonné et intime. Des antiquités côtoient des jeux pour enfants en plastique, alors que des gravures anciennes font face à des posters de la tournée historique de Céline Dion. Plusieurs époques et plusieurs styles cohabitent éclectiquement, chacun chargé de sa propre nostalgie. Les brocantes sont le lieu où le concept d’afterpop du chercheur Eloy Fernández Porta devient visible et palpable. Afterpop signifie que nous serions après le pop et après la pop, c’est-à-dire à la fois après « le populaire » comme catégorie de la sociologie culturelle et après « la pop » comme tendance culturelle. Une nouvelle étape où le passé devient futur et inversement, où force est de constater que la production culturelle capitaliste a bel et bien digéré les folklores locaux. Nombre d’artistes ont recours à cette nouvelle esthétique de l’afterpop détournant et ironisant sur cette standardisation qui tend vers un nobrow ou zone floue entre high et low culture. Car ce lissage des goûts et des consommations s’impose tout en cachant la persistance et l’accentuation des disparités sociales, même pour des pays, comme le Danemark, où l’État-Providence est censé assurer à chacun·e le même bien-être.

Absorption et chimère culturelle se retrouvent ainsi sur des stands de marchés aux puces et The future of the past prend alors la forme métaphorique d’une brocante, en instillant dans la scénographie des indices qui en rappelle l’esthétique : tables et tréteaux, tonnelles blanches, bâches en plastique bleues. Pour prolonger cette identité visuellement reconnaissable, l’œuvre de Margot Bernard et Toco Vervisch nous plonge dans un paysage sonore, une ambiance de bruits de fond et de conservations enregistrée aux Puces de Saint-Ouen. Les ballons en forme de poules de Benedikte Bjerre viennent créer une impression de foule et de déambulations désordonnées et improvisées.

Les œuvres de l’exposition sont les protagonistes de cette brocante. Sculpture, peinture, photographie, tapisserie … Elles sont des objets-totems, correspondant à ce que l’on pourrait trouver sur les étals. Elles encapsulent les ressorts de l’afterpop : indistinction temporelle, digestion entre high et low culture, rétromania.

Mythes et iconographies, comme la licorne d’Olivia Rode Hvass ou le cœur de Marisabel Arias, voyagent dans le temps, de l’antiquité jusqu’à des appropriations commerciales de la pop-culture, en passant par le Moyen-Âge. La rencontre entre le traditionnel et l’ultra-moderne est tantôt harmonieuse chez Ismaël Bazri, tantôt ironique chez Martin Brandt Hansen.  Habitudes festives, convoquées par Rasmus Myrup ou habitudes alimentaires, convoquées par Torben Ribe, n’appartiennent plus à une posture sociale imperméable, mais sont le fait de croisements kitsch, à la limite du mauvais goût mais tendances. Par des collections de pendentifs en toc et collages de captures d’écran du mur Facebook, Louis Lallier et Hannah Heilman ont recours à l’accumulation compulsive comme témoignage d’une esthétique TrashDeLuxe pour reprendre les mots de Portà. Esben Weile Kjær et Kåre Frang revisitent l’enfance, ses contes et ses jeux, par des hybridations de matières, le plastique devient bronze et le pain d’épices devient Iphone.

Chaque œuvre transcende et transite d’une sous-culture à une autre, d’une période de référence à une autre, d’un désordre à un autre, en assumant une part critique indéniable sur que la société amalgame, de récits et de représentations, et sur le duo producteur-consommateur que nous incarnons tous·tes.

A metaphorical flea market, the exhibition brings together works that travel back in time, linking past and present, mixing high and low culture. Domestic objects, they have the memorial power to transport us into our memories and to belong to a common fund of knowledge, a heritage of consumption. Mash-ups, totems of our heritage, trinkets of our modernity, the works are charged with affectivity and nostalgia for the latest fashions. Here, in the words of researcher Eloy Fernández Porta, popular culture and pop-culture have merged into after-pop.